Zone17 FERMET & FATON : Un univers photographique onirique et narratif.
Le duo artistique FERMET & FATON signe une oeuvre photographique unique, où la réalité se mêle à l’imaginaire. Leurs séries d’images, construites comme de véritables récits visuels, invitent le spectateur à une exploration onirique.
Une collaboration artistique unique
Nathalie FATON, conçoit les scénarios et la mise en scène, donne vie à des univers riches et complexes, souvent inspirés de la littérature, du cinéma, de la bande dessinée ou de la mythologie. Jean-Paul FERMET, quant à lui, traduit ces scénarios en images, capturant avec précision l’atmosphère et l’émotion de chaque scène. Cette complémentarité donne naissance à des photographies à la fois esthétiques et narratives, où chaque détail est pensé pour renforcer l’histoire.
Un univers cinématographique
Influencé par le septième art, leur travail s’apparente à une succession de plans filmés. Les compositions, les cadrages et les jeux de lumière sont soignés pour créer une dynamique narrative forte. Les personnages incarnés par Nathalie FATON, évoluent dans des décors réels transformés en véritables plateaux de cinéma.
Des thèmes universels
Les séries de FERMET & FATON abordent des thèmes universels tels que la survie, l’identité et la condition humaine. En jouant avec les codes de la science-fiction et des récits mythologiques, ils créent des univers à la fois familiers et étranges, où le réel et l’imaginaire se confondent.
Une esthétique soignée
La lumière et la couleur, éléments clés de leurs compositions, sont utilisées pour créer des ambiances particulières et souligner les émotions. Le post-traitement, discret et maîtrisé, vient parfaire l’image sans la dénaturer. Chaque élément de la composition, des costumes aux accessoires en passant par les décors, est choisi avec soin pour renforcer la narration et créer une atmosphère unique.
Un voyage au coeur de l’imaginaire
Les photographies de FERMET & FATON sont une invitation à la rêverie. Elles nous transportent dans un monde à la fois familier et étrange, où le spectateur est libre d’interpréter et de se projeter. En mêlant réalisme et onirisme, ils créent des oeuvres à la fois esthétiques et profondes, qui interrogent notre rapport à nous-mêmes et au monde qui nous entoure.
Vision de notre travail par Alain GEGOUT artiste peintre (Mars 2023)
« Nathalie Faton, l’acidulée non genré ».
Alain Gegout
1) Avez-vous eu une formation spécifique ? Pour être plus clair, comment avez-vous appris et quelles ont été vos influences ?
Pur autodidacte , je pratique le photographie depuis l’âge de 15 ans et j’en ai bientôt 56. J’ai eu la chance de participer à quelques formations avec des grands photographes français. Marqué et influencé en photographie principalement par Duane Michals , William Klein , Helmutt Newton, Irwin Olaf. Par ailleurs totalement baigné dans l’univers de la BD SF et des mondes post apocalyptiques des années 80 ( avec Bilal, Schuiten, Convard, Druillet, Gillon, Moebius, Giger etc) et des mangas SF également (avec Oshii, Otomo, Aramaki, Sakaguchi etc). J’ai évidemment appris la photographie avec l’argentique. Je développais mes films et faisais les tirages papier en chambre noire. J’attendais déjà avec impatience les techniques numériques que j’utilise aujourd’hui. En effet ces techniques de retouche étaient pour moi beaucoup trop limitées pour créer mon propre univers d’images et pour arriver à le formaliser. Je me suis donc jeté à corps perdu dans l’ère de la photographie numérique dès le début des années 90. Et je n’ai aucune envie de repartir en arrière, retravailler en argentique comme ce courant actuel qui pour moi n’a rien d’alternatif mais juste peut être lié à de la nostalgie pour certains !!! Tout au long de ces années je suis passé par différentes formes et types de travail . J’ai travaillé de nombreuses années sur la matière (verre, métal, pierre, bois) ainsi que sur les éléments graphiques (architecture, Graf, etc). J’ai bien sûr également pendant une très grande période fait de la photographie dite Humaniste, photographie de témoignage, de reportage, mémoriser un instant de la réalité et du monde dans lequel nous évoluons. Mais je n’ai pour ainsi dire jamais travaillé sur le paysage et sur la nature. J’ai toujours été centré et focalisé sur l’Humain et ses traces. Puis dans le milieu des années 90, je me suis mis à construire mon propre univers , détourner la réalité est devenu pour moi prioritaire. J’ai d’ailleurs subi de très nombreuses critiques à ce propos. Les différents courants de création en photographie sont très souvent virulents, voire même intolérants entre eux.
2) Comment définiriez-vous votre Art et votre façon de travailler ?
J’aime à dire que je crée des images. En effet, j’utilise la photographie comme matière première et les outils numériques pour modifier la réalité et ainsi laisser place à mon univers. Depuis le milieu des années 2000, j’ai énormément travaillé avec des compagnies de danses contemporaines. J’aime cette forme d’expression où le corps s’exprime, interpelle et interroge. La danse a su « emprunter les techniques aux courants modernes ou classiques, les actualiser ou les détourner, les métisser de théâtre, de littérature, d’architecture, d’arts plastiques, de cirque et d’autres disciplines artistiques ». Elle est l’incarnation d’un univers sans limites, elle ne se revendique d’aucun courant. Elle semble être un des derniers espaces vierges sans appartenance. Elle est libre, voilà l’émotion qu’elle peut provoquer au plus profond de moi, le sentiment de LIBERTE. Pour la partie prise de vues, j’ai deux approches , soit à partir d’un shooting direct au cours par exemple de spectacles ou répétitions de danse. Puis je retravaille numériquement les images , soit les images sont pensées avant le shooting. Elles sont dans ce cas ce que j’appelle « storybordées ». C’est à dire chaque éléments est défini à l’avance , le lieu , le ou les modèles, les postures , le cadrages, les tenues et accessoires, l’éclairage , la focale etc . Les images seront en plus elles aussi retravaillées numériquement . Je ne veux surtout pas représenter la ou une réalité mais exclusivement la mienne .
3) Où et comment trouvez-vous votre inspiration ?
L’inspiration et le besoin de créer sont totalement liés à ma vie et à mon vécu. J’ai travaillé de nombreuses années sur l’homme (cf livre Ecce Homo), sa souffrance, sa complexité, sa destruction. Je me suis également penché sur l’enfermement avec différentes facettes: l’enfermement psychologique , social et face à la vieillesse et à la mort. Depuis bientôt 2 ans j’ai basculé sur le registre de la survie (cf livre Reliquiae 2023) tout ceci est lié étroitement à ma vie personnelle. Je travaille actuellement sur la lutte et le combat pour la vie.
4) Dans vos créations, votre modèle est souvent doté d’un masque à gaz et placé sur un fond de décor industriel, pouvez-vous nous expliquez pourquoi ?
C’est directement lié à ce que j’exposais dans la première question, marqué par une culture des mondes post apocalyptiques au travers de la BD et des mangas, une obsession de la survie poussée jusqu’au trans-humanisme. Par ailleurs abîmé et touché physiquement, j’ai été et suis directement concerné par la survie. Le création est aussi en elle même un moyen de survie en ce qui me concerne.
5) Vous considérez-vous comme un artiste revendicatif ?
Revendicatif sur le message que je veux faire passer je ne pense pas, par contre je veux interpeller et que les personnes qui viennent regarder mon travail s’interrogent sur la condition humaine. La remise en question est fondamentale pour avancer. Par contre revendicatif sur la démarche et la technique oui. Je mets un point d’honneur à ne surtout plus faire d’images représentant la réalité. Je la détourne et je le revendique. J’ai, il y a longtemps, été de nombreuses fois critiques pour cela.
6) Qu’est-ce qui fait l’originalité de votre travail d’après vous ?
Ma particularité est de présenter en exposition des très grands formats en 240×240 et de faire des tirages sur différents supports. Je bannis également par revendication des supports tel que l’alu dibon et les installations où l’image se retrouve derrière du verre. Je me refuse à montrer une image qui ne soit pas retravaillée numériquement. Depuis une année, j’ai également choisi de travailler avec un seul et unique modèle. Elle est apparenté à une combattante une sorte de déesse Athena.
7) Quelle satisfaction vous apporte votre travail ?
Il m’apporte quelque chose de l’ordre du vital !! Mes créations sont directement liées à ma vie et ma vie nécessite le besoin de créer. Cette corrélation est pour moi fondamentale, cela va bien au delà d’une simple satisfaction.
8 ) Quels sont vos projets ?
Mes phases de travail durent plusieurs années. Je sors à peine de ma période sur la souffrance humaine et je viens d’aborder l’idée de lutte de combat et de survie. Cette nouvelle période de travail va durer un certain temps . De toute façon ces périodes de recherches et de créations sont complètement calquées sur ma vie et ne font qu’un. Je n’ai jamais fonctionné autrement. Pour résumer mon travail je pourrais presque dire que je cherche à photographier l’intérieur de moi même .